Le convoi 73 : 1944

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Présenté par Enzo MICULIAN

Le convoi n°73, ou « convoi des 900 », fut un convoi qui déporta des Juifs de France le 15 mai 1944. Parmi ces hommes, deux étaient Douaisiens :  Naftal Zorman et Oscar Zaidman arrêtés comme résistants mais déportés en tant que Juifs. L’histoire de ce convoi ne fut éclaircie qu’au milieu des années 1990, notamment grâce à la mémoire de quelques déportés survivants et à leurs témoignages. Aujourd’hui, seul Henri Zajdenwergier déporté à l’âge de 15 ans, et l’un des 22 survivants, est encore en vie. Nous avons eu la chance d’écouter son témoignage, principale source de ce récit. Dans ce convoi furent également déportés le père de Simone Veil, André Jacob, ainsi que son frère Jean.

Gravure retrouvée sur le mur d’une cellule du Fort IX de Kaunas, Lituanie,
où furent incarcérés des déportés du convoi 73.

Le convoi n° 73 partit du camp de transit de Drancy pour se diriger, pour l’unique fois pendant la guerre, vers les pays Baltes, en Lituanie puis en Estonie. Il compta 878 hommes qui furent arrêtés et déportés dans des wagons à bestiaux, sous une chaleur accablante, a priori pour les faire travailler dans des constructions se rattachant à l’organisation Todt. Toutefois, aujourd’hui, certains historiens pensent qu’ils furent déportés afin d’effacer les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis par le régime nazi durant la guerre. Le convoi s’arrêta d’abord à Kaunas, en Lituanie, où la moitié des wagons du convoi furent détachés et leurs occupants exterminés par balle. Le convoi reprit ensuite sa route jusqu’à une caserne désaffectée de Tallinn, en Estonie. Les déportés furent alors mobilisés dans des travaux de grande pénibilité. Henri Zajdenwergier fut notamment affecté au nettoyage des pistes d’un aérodrome, et ce même sous le feu des avions alliés.

     Des conditions de vie extrêmement difficiles rythmèrent la vie des prisonniers, notamment ils subirent des températures glaciales durant l’hiver 1944-45, et les violences des gardes SS. En janvier 1945, l’avancée de l’Armée rouge provoqua le départ de Lituanie des troupes allemandes et des déportés. Ces derniers furent alors évacués en cargo, à fond de cale, vers Dantzig, puis débuta une marche de la mort. En effet, les gardes SS firent marcher des prisonniers dans des conditions inhumaines dans le froid, et sous la neige ou la pluie, sur une très longue distance, à travers des forêts, sans s’arrêter, abandonnant et tuant les plus faibles qui ne parvenaient pas à suivre le rythme. Les déportés furent cachés à la population. Cette marche infernale dura 10 jours à travers la campagne et les entraina vers un ancien camp des jeunesses hitlériennes, au NE de Dantzig, le camp de Stuttoff, où les captifs furent utilisés dans des travaux d’entretien du camp ou pour creuser des tranchées afin d’enterrer les cadavres car les fours crématoires et la chambre à gaz ne fonctionnaient plus. Ils vécurent dans des conditions déshumanisantes : numérotés, ils devaient faire face à des appels interminables le matin, dans la proximité permanente avec les cadavres, alors que la violence était de tous les instants.  Le 9 mai 1945, ce fut le dernier camp libéré par l’armée soviétique. Henri Zajdenwergier se souvient d’un visage asiatique, provenant sûrement de Sibérie, en qui il vit son sauveur.

          Ainsi, Henri Zajdenwergier nous a raconté son histoire et donné les détails de son horrible captivité. Des conditions extrêmes aux violences commises par les nazis, son récit nous a dévoilé les atrocités auxquelles ont été confrontés les déportés.

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